Pour ses vingt ans, le Grand Prix d’Horlogerie de Genève s’offre de nouveaux horizons
L'Académie du GPHG, lancée en 2020, lui permettra d'écrire les prochains chapitres de son histoire.
Par Raymond Loretan
La solidarité découle de l’esprit même du Grand Prix.
Entrer dans la compétition qui distingue les créations les plus abouties,
c’est prendre sa part au rayonnement international de la branche.
Le Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG) vient d'atteindre les vingt ans, l’âge de l’émancipation et celui de tous les possibles. Depuis sa création en 2001, le GPHG récompense chaque année les créations horlogères les plus belles dans leur catégorie. Avec le soutien du Canton et de la Ville de Genève, il a su, au cours des deux décennies écoulées, s’ouvrir au monde et monter en puissance pour devenir l’un des évènements les plus attendus du calendrier horloger international. Vitrine médiatique pour les acteurs du secteur, ses palmarès comptant une vingtaine de prix, dont la fameuse Aiguille d’Or, contribuent à la reconnaissance de l’excellence horlogère sur tous les continents. Ils ont acquis la considération des professionnels de l’industrie autant que celle des passionnés de montres.
Si la mécanique du GPHG a fait ses preuves, il a souhaité, à l’heure d’atteindre la maturité, pousser encore plus loin son rayon d’action et conforter sa légitimité en créant son Académie. Intronisée en 2020, cette entité représentative de tous les métiers de la branche compte à ce jour plus de 500 membres venant des cinq continents, qui font tous autorité dans leur domaine. Le rôle des académiciens est de participer aux différentes étapes de la sélection des montres parmi les centaines de modèles éligibles aux catégories du Grand Prix. Ensemble, ils constituent le plus vaste réseau d’ambassadeurs dont l’art horloger ait bénéficié à travers le monde.
Cette Académie est le socle sur lequel le GPHG entend écrire les prochains chapitres de son histoire. L’enjeu reste celui qui lui a été assigné au premier jour: mettre en valeur l’art horloger partout dans le monde. Mais cette ambition se nourrit d’un nouveau souffle fédérateur: dédiée non seulement à la promotion de l’art horloger, mais également à la stimulation de l’imagination au sein de l’industrie, l’Académie s’emploie de surcroit à renforcer les liens entre ses différents représentants.
"Le GPHG affirme sa foi dans la capacité des horlogers, d’où qu’ils soient, à s’unir pour tracer ensemble leur avenir." Raymond Loretan
En mettant ce projet en œuvre, le GPHG affirme sa foi dans la capacité des horlogers, d’où qu’ils soient, à s’unir pour tracer ensemble leur avenir. Cette conviction résonne comme une nécessité au moment où la tentation du repli sur soi est exacerbée par la pandémie.
Conformément aux principes qui sous-tendent la crédibilité et la renommée du GPHG, l’Académie est mue par des valeurs de neutralité, d’universalité et de solidarité.
L’institution a été dotée de règles de fonctionnement et d’une plateforme électronique certifiée conçues pour préserver la neutralité de ses membres et l’indépendance des processus de sélection. La présence en son sein d’acteurs présents sur tous les continents et l’ouverture de la compétition aux horlogers du monde entier, sont, elles, les gages d’une diversité qui fait écho au vœu d’universalité. Quant à la solidarité, elle découle de l’esprit même du Grand Prix. Entrer dans la compétition qui distingue les créations les plus abouties, c’est prendre sa part au rayonnement international de la branche. C’est, aussi, contribuer à braquer les projecteurs sur des corps de métiers capables de perpétuer des savoir-faire ancestraux tout en intégrant les enjeux du développement durable et en repoussant les frontières de la technologie.
Ce n’est pas un hasard si ces valeurs coïncident avec les fondements de la diplomatie suisse, qui sont aussi ceux qui ont forgé l’exceptionnalité de la Genève internationale. En effet, quelle autre ville que Genève, qui vit naître et grandir l’horlogerie avant de devenir la capitale mondiale du dialogue et de la coopération internationale, aurait pu, avec autant de légitimité, offrir son parrainage à cette industrie qui a conquis la planète en s’élevant au rang d’art? Le secteur pèse une cinquantaine de milliards de dollars de chiffre d’affaires au niveau mondial et produit chaque année près de 1,2 milliard pièces*. Il connaît, depuis une trentaine d’années, un cycle de croissance continu, que seule la crise sanitaire aura entrecoupé.
Car la montre est devenue bien plus qu’un garde-temps. Bijou d’innovation, création artistique ou les deux à la fois, elle est un supplément d’âme qui renferme audace et tradition, exactitude et poésie, dépouillement ou sophistication. Autant de repères précieux dans un monde soumis aux défis existentiels et à l’agitation perpétuelle. Il n’y a qu’à observer l’affluence à la Dubai Watch Week, en novembre dernier, pour se convaincre de la vitalité du secteur horloger. Quelques semaines plus tôt, le GPHG lui-même faisait salle comble au théâtre du Léman, à Genève, lors de sa cérémonie annuelle. C’est bien la preuve que les acteurs de la branche croient en leur communauté de destin.
* Sources: Fédération de l’industrie horlogère suisse FH9, McKinsey, 2021
Raymond Loretan est également président de «L'Agefi».